E-voting en Suisse : un risque pour la démocratie
Face aux critiques d’experts internationalement reconnus dans le domaine de la sécurité informatique sur l’insuffisance du logiciel de vote électronique, La Poste et l’entreprise Scytl ont choisi de jouer le jeu de la censure, plutôt que celui de la transparence, en interdisant la publication du code source de la solution.
Dans un premier temps, La Poste a publié le code source de façon ouverte et lancé un test d’intrusion public, à la satisfaction des experts de la cyber-sécurité. Certains se sont toutefois étonnés des réactions agacées de La Poste face à leurs critiques sur des aspects discutables du code source. D’autres, comme le magazine indépendant Republik, pointent le manque d’instructions sur la façon de mettre en service et de faire communiquer entre eux les différents composants du système, condition pourtant indispensable pour respecter l’ Ordonnance de la Chancellerie fédérale sur le vote électronique.
Face à ces critiques, La Poste et l’entreprise Scytl ont empêché la consultation publique du code source, prétextant des atteintes au droit d’auteur. Dans un premier temps, ce problème ne leur avait pourtant pas semblé rédhibitoire.
Ce manque de transparence est inquiétant et inadmissible. Le citoyen ne peut pas faire confiance sans transparence, surtout lorsqu’il s’agit du processus de votation, pilier central de la démocratie.
Que font nos autorités politiques ?
La Confédération laisse faire. Les cantons déclinent leur responsabilité en faveur d’entreprises privées. Interpellé par des politiciens, le canton de Fribourg répond en relayant un communiqué de La Poste, incapable de commenter lui-même les failles éventuelles !
L’aspect essentiel du secret et de la sécurité des votations et élections est sacrifié sur l’autel du profit. Comme le dit L’Affranchi :
Le recours au vote électronique en Suisse n’est ni un enjeu technique, ni financier, mais bel et bien politique. Malheureusement, la Confédération ainsi que les cantons semblent avoir choisi de privilégier la logique de l’efficience, à savoir adopter un système qui soit le moins cher en termes de ressources financières et techniques, plutôt que d’opter pour un modèle qui satisfasse des exigences fondamentales en matière de démocratie (…).
Quand on sait que pour la gestion de l’identité électronique, la Confédération pense aussi confier son implémentation au secteur privé, doit-on en conclure que nos autorités ont définitivement abdiqué toute compétence dans le domaine du numérique ?