Pourquoi la science informatique à l'école ?

Les bons arguments pour enseigner la science informatique à l’école ne sont peut-être pas ceux auxquels on pense. Texte de la conférence donnée à l’occasion de la journée de formation romande ForMITIC du 2 février 2019.
Pourquoi la science informatique à l'école ?

Le thème d’aujourd’hui est d’une brûlante actualité. Il ne se passe pas une journée sans que l’on parle d’intelligence artificielle, de drones de surveillance automatique, de robots, d’exploitation de données massives (big data), de failles dans la sécurité informatique, de scandales liés à la vente de données personnelles par des entreprises peu soucieuses de légalité ou encore de fuites de telles données, etc. Tous ces sujets ont bien sûr un lien direct avec le traitement de l’information sous forme numérique.

Parallèlement, l’enseignement de la science informatique a le vent en poupe en Suisse. Le LP21, publié en automne 2014, définit un enseignement obligatoire de l’informatique, distinct de celui des compétences médias. En octobre 2017, la CDIP a mis à jour ses plans d’études en rendant obligatoire l’enseignement de la science informatique au gymnase. Tout récemment, en novembre 2018, la CIIP s’est dotée d’un «  Plan d’action en faveur de l’éducation numérique » introduisant la science informatique dans la scolarité obligatoire, pour tous les élèves.

Il pourrait sembler inutile ou vain de se poser la question formant le titre de ma conférence : pourquoi la science informatique à l’école ?

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Désolé, vous pouvez être identifié même si vos données sont anonymisées

Désolé, vous pouvez être identifié même si vos données sont anonymisées

Notre monde hyper-connecté et bourré de capteurs fait de nous des producteurs de données de façon quasi-permanente : nous générons des données de localisation chaque fois que nous envoyons un message WhatsApp ou un SMS, quand nous marchons avec une montre connectée ou tout simplement en nous promenant avec notre smartphone.

On nous dit souvent que ce n’est pas grave, puisque les données sont anonymisées, que tout ce qui pourrait nous identifier en est retiré et que l’on peut dormir tranquille.

La réalité, comme le montre une publication du journal scientifique IEEE Transactions on Big Data, est hélas différente. Les chercheurs ont montré qu’ il est facile d’associer ces données avec des personnes réelles.

Voici pourquoi il est important de pouvoir contrôler non seulement nos données, mais également les méta-données que toutes nos activités numériques laissent derrière nous.

En obligeant les collectivités et les entreprises à développer leurs applications en appliquant le principe de  Privacy by Design, nous pourrons avoir peut-être une chance de recouvrer la maîtrise de nos données.

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Données personnelles et internet: faut-il être paranoïaque ? (partie 3/3)

Données personnelles et internet: faut-il être paranoïaque ? (partie 3/3)

Cet article a été publié en septembre 2015 dans l’édition no 323 de la revue  Scuola Ticinese. Il est publié ici en trois parties : partie 1, partie 2.

Ce n’est pas l’analyse et l’exploitation des données qui est problématique, mais le manque d’encadrement

La collecte et le traitement d’informations personnelles n’ont pas que des côtés obscurs. Ils peuvent rendre d’importants services. À titre personnel, en analysant mes goûts et affinités, ils aident à choisir judicieusement un article à acquérir ou une émission à voir.

Dans le domaine de la santé, ils permettent à Google de suivre quasiment en temps réel la propagation mondiale d’épidémies, grâce à l’analyse des recherches effectuées par les internautes, plus vite que l’OMS.1

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Données personnelles et internet: faut-il être paranoïaque ? (partie 2/3)

Données personnelles et internet: faut-il être paranoïaque ? (partie 2/3)

Cet article a été publié en septembre 2015 dans l’édition no 323 de la revue  Scuola Ticinese. Il est publié ici en trois parties : partie 1, partie 3.

Les motivations des entreprises privées pour collecter nos données personnelles sont différentes, mais tout aussi claires : en un mot, l’argent.

En 2010, The Economist estimait le marché des données à plus de 100 milliards de dollars.1 Les revenus de ce marché sont essentiellement des revenus publicitaires d’une part, et d’autre part les bénéfices supplémentaires de la grande distribution, gagnés grâce à un meilleur ciblage des consommateurs.

« À l’avenir les données seront une ressource de base, comme le gaz, l’essence et l’électricité (…). Avec les données, nous pouvons innover énormément. On peut mieux comprendre les habitudes de consommation, et mieux appréhender l’économie en général. (…) On calcule automatiquement le crédit possible que l’on peut allouer à un utilisateur, sans aucune étude préalable, aucune intervention humaine.»2

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Données personnelles et internet : faut-il être paranoïaque ? (partie 1/3)

Données personnelles et internet : faut-il être paranoïaque ? (partie 1/3)

Cet article a été publié en septembre 2015 dans l’édition no 323 de la revue  Scuola Ticinese. Il est publié ici en trois parties : partie 2, partie 3.

En 2012, un client de Minneapolis du grand distributeur américain Target (le pendant de la Migros ou de la Coop) a souhaité rencontrer le gérant du magasin local. Il lui a demandé des explications concernant sa fille, étudiante au lycée, qui recevait du magasin des publicités et des bons d’achat pour des vêtements de grossesse, des berceaux, des habits de bébé, articles donnant à penser qu’elle était enceinte. Le père de la jeune fille demanda au gérant si le magasin voulait encourager sa fille à tomber enceinte. Stupéfait, le gérant s’excusa en déclarant n’avoir aucune idée de la raison de ces promotions.

Rentré à la maison, le papa en discuta avec sa fille et découvrit qu’elle attendait effectivement un enfant. Target avait utilisé des techniques complexes d’analyse prédictive, basées sur le comportement et les habitudes d’achat de la jeune fille, pour déterminer qu’il y avait une probabilité élevée qu’elle attende un bébé, et lui fournissait donc des publicités ciblées.1

Cette anecdote réelle nous montre l’actualité de ce thème, et nous incite à réfléchir sur la nécessité pour notre société et notre école d’agir face à cette situation, et à développer quelques pistes de réflexion.

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